Vie de couple réussie : Interview Yvon Dallaire

Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance d’interviewer Yvon Dallaire qui est psychologue, auteur à succès, formateur, conférencier mais aussi et surtout spécialiste des relations hommes-femmes et des couples heureux depuis 40 ans. Voici la vidéo de l’interview – ainsi que sa retranscription écrite – dans laquelle il nous livre ses conseils pour réussir sa vie de couple.

Delphine : Bonjour Yvon Dallaire, voulez-vous vous présenter davantage à nos auditeurs ?

Yvon Dallaire : Bonjour Delphine, en plus de tout ce que vous avez dit, je suis aussi membre d’un couple heureux depuis 35 ans bientôt et père d’un enfant et de deux petits-enfants.

D : Vous qui êtes un spécialiste des relations hommes-femmes, pourquoi y a-t-il autant de couples qui se séparent au bout de quelques mois ou quelques années ?

YD : Parce qu’ils sont ignorants des petites différences qui existent entre les hommes et les femmes, et des dynamiques plus ou moins conscientes qui se mettent en jeu lorsqu’on met un homme et une femme à l’intérieur d’un même couple. Et parce qu’ils ne font pas les bons efforts pour arrêter de faire ce qui ne fonctionne pas et utiliser ces efforts pour faire ce qui fonctionne. Et on sait aujourd’hui ce qui fonctionne dans un couple, ce qui fait d’un couple heureux pendant la lune de miel un couple heureux à long terme. Ce n’est certainement pas par manque d’amour et de bonne foi.

Mon expertise me démontre que la très grande majorité des femmes et des hommes sont toujours amoureux – surtout ceux qui viennent en thérapie pour essayer de sauver leur couple – et de bonne foi. Les hommes font tout ce qu’ils croient devoir faire pour faire fonctionner leur vie de couple et les femmes font la même chose. Sauf que les hommes et les femmes ne jouent pas selon les mêmes règles du jeu, ils n’ont pas les mêmes sensibilités et les mêmes besoins. C’est l’ignorance de ces petites différences ainsi que des dynamiques inconscientes qui crée des conflits, pour la plupart insolubles.

D : Vous entendez par là qu’être heureux en couple, cela s’apprend, ce n’est pas quelque chose d’inné ?

YD : Exact. Etre heureux seul et en couple est quelque chose qui s’apprend, au même titre que l’on apprend à faire la cuisine ou à parler une nouvelle langue. Cela demande des efforts !

D : Pensez-vous que tous les couples ont les compétences nécessaires pour être heureux dans leur vie de couple ?

YD : Au départ, non. Mais tous les hommes peuvent apprendre la psychologie et la sexologie féminine, et toutes les femmes peuvent apprendre la psychologie et la sexologie masculine. Donc si on se met à l’écoute de l’autre, sans vouloir lui imposer sa façon de voir les choses, alors on augmente la probabilité de faire de son couple un couple heureux. J’ai longtemps cherché un symbole pour illustrer ce qu’était un couple. J’ai finalement trouvé : un jeu d’échec devant un jeu de dames. Les femmes jouent aux échecs et les hommes jouent aux dames.

Les femmes ne jouent pas aux échecs parce que c’est plus compliqué. Les hommes qui disent que les femmes sont compliquées n’ont rien compris aux femmes. Les femmes ne sont pas compliquées mais on ne sait jamais quelle pièce va réagir au jeu des hommes. Elles sont changeantes alors que les hommes sont plutôt linéaires, ils ne changent pas ce qui fonctionne. C’est pour moi la plus belle image pour illustrer le couple. Quand on se rencontre, qu’on se séduit, on trouve quelqu’un qui veut bien jouer avec nous et on est certain que l’autre va jouer selon nos règles du jeu.

Pendant la période de séduction, on se présente sous notre plus beau jour jusqu’au moment où l’on sent que l’autre est conquis, acquis, et que toutes les pièces sont placées sur l’échiquier ou le damier. Et à ce moment-là, l’un avance une pièce et l’autre lui dit « non ce n’est pas comme ça qu’on joue, c’est plutôt comme ça ». C’est à ce moment que la deuxième phase de l’évolution d’un couple commence : la lutte pour le pouvoir. Le but n’est pas de dominer l’autre mais de l’inciter à jouer à notre jeu, celui dont on est le spécialiste.

Les couples heureux sont ceux qui tout en affirmant leurs règles se mettent à l‘écoute des règles du jeu de l’autre.

Sans renier qui ils sont, ils apprennent à jouer au jeu de l’autre (dames ou échecs). Les couples heureux sont ceux qui à partir des deux jeux développent un troisième jeu qui leur appartient. Ce troisième jeu devient une « culture conjugale » remplie de routines, de rituels et d’activités qui plaisent aux deux membres du couple, mais qui ne plairont pas forcément au couple d’à côté qui peut être aussi épanoui qu’eux dans sa vie de couple.

D : Ce n’est pas vraiment ce que l’on apprend dans les contes de fées ou dans les histoires d’amour que l’on voit au cinéma. Nous sommes bercés par des belles histoires qui sont en fait de la passion essentiellement et pas des histoires qui sont amenées à durer.

YD : Oui c’est « il la réveilla d’un baiser », « elle le trouva charmant », « ils se marièrent, eurent aujourd’hui 2 enfants, et vécurent heureux ». C’est le premier tome ça! Le deuxième tome, c’est le tome de la vie de couple, la vie réelle, quotidienne, conjugale. 80% des couples ne parviennent pas à aller jusqu’à la fin du deuxième tome. Dans nos pays, on parle d’un taux de divorce de 50% et on estime à 30% les hommes et les femmes qui se résignent à vivre dans une relation de couple qui est plus ou moins satisfaisante sinon toxique. Alors ça laisse à peine 20% de couples qui – la plupart du temps mais pas toujours – sont heureux.

Parce que les couples heureux passent par les mêmes moments difficiles et sont aux prises avec les mêmes problèmes insolubles que les autres.

D : Si vous parlez des problèmes insolubles c’est qu’il y a des problèmes solubles. Comment peut-on différencier les deux et les gérer ?

YD : C’est facile de solutionner « dans quel restaurant va-t-on manger ce soir ? » ou « quel film va-t-on aller voir ? ». Ce sont des problèmes solubles. On peut même alterner. L’un choisit et la fois d’après, c’est l’autre qui choisit.

Il y a 6 sources de problèmes insolubles : l’éducation des enfants, l’argent, les relations avec la belle-famille, la répartition des tâches ménagères, la séparation entre la vie professionnelle et la vie personnelle et évidemment la sexualité.

Pour l’éducation des enfants, il y a toujours un des deux partenaires plus permissif et l’autre plus autoritaire. Pour l’argent, l’un des deux est toujours plus insécure financièrement que l’autre. Pour la belle-famille, l’un veut souvent être plus proche de sa famille et de sa belle-famille alors que l’autre veut vivre plus en autarcie – quand il n’y a pas un membre d’une des deux belles-familles qui est un peu envahissant. Pour les tâches ménagères, les femmes en font souvent plus que les hommes. De plus, les femmes sous-estiment ce que les hommes font dans la maison tandis que les hommes surestiment ce qu’ils font dans la maison.

Au niveau de la vie professionnelle, les hommes ont davantage tendance à s’investir dans leur travail au détriment de leur vie privée (vie de couple et vie de famille), ce qui dérange les femmes qui veulent l’inverse. Au niveau de la sexualité, je ne pense pas vous apprendre grand chose si je vous dis que les hommes en veulent souvent 2 à 3 fois plus que ce que les femmes sont prêtes à offrir. La solution serait que les deux partenaires d’un couple aient la même libido, les mêmes méthodes éducatives, la même sécurité financière, etc. Mais c’est illusoire de croire que deux personnes, à plus forte raison de deux sexes différents, vont toujours être sur la même longueur d’onde.

D : En effet, il y a peut de chances pour que l’on soit exactement au même diapason sur les 6 points…

YD : D’où le fait que le couple n’est pas fait pour rendre heureux.

Le couple est un creuset pour générer des crises, pour nous confronter à nous-même et nous aider à grandir.

Donc les crises de couple peuvent être des crises de croissance ou de décroissance. Toutes les lettres du mot « crise » se retrouvent dans le mot « croissance ». Une crise est une occasion privilégiée pour apprendre quelque chose, et je dis bravo aux gens qui viennent me voir en consultation, dans mes conférences ou dans mes formations.

Encore faut-il arrêter d’accuser l’autre, arrêter de se culpabiliser et accepter de se remettre en question pour apprendre les règlements du jeu de l’autre. Il faut connaître ses propres règles mais aussi reconnaître les règles du jeu de l’autre pour pouvoir devenir deux complices contre les problèmes insolubles, sans parler des moments difficiles de la vie de couple auxquels tous les couples sont confrontés.

D : Donc le premier pas c’est de se responsabiliser à 100% pour ensuite accepter de se remettre en question et faire en sorte d’être responsable de son propre bout de la relation, c’est ça ?

YD : Les deux piliers d’un couple heureux, c’est quand on prend la responsabilité personnelle conjugale à 100% – je suis responsable à 100% de mon bout de la relation – et aussi ce que j’appelle l’intelligence émotionnelle conjugale, c’est à dire ne pas laisser mes émotions prendre le dessus sur ma raison. Ne jamais oublier que la personne qui est en face de moi est une personne digne de respect, digne d’admiration, une personne de bonne foi, qui est aimante. Et vous le savez comme moi, il n’y a pas plus impoli entre eux que les membres d’un couple qui s’aiment. Sous le coup de la colère, de l’émotion, on va dire à son partenaire des choses qu’on ne dirait jamais à un collègue de travail, encore moins à un ami. C’est un beau paradoxe.

D : Que pensez-vous de la communication comme clé essentielle à une vie de couple épanouie ?

YD : Pour moi, c’est une fausse croyance entretenue par des intervenants en communication dite efficace ou non violente. Après presque 40 ans d’écoute des couples, j’arrive à la conclusion que les couples n’ont aucun problème de communication.

Ce n’est pas la communication le problème, par contre les couples ont trois problèmes reliés à la communication.

Le premier problème c’est que les gens pensent que si on communique, si on se parle, on va forcément arriver à un accord. Le mot communication veut dire « communion », « commune action ». Si après communication Delphine, on arrive à la conclusion que nous ne sommes pas d’accord sur certains sujets, est-ce qu’on a un problème de communication ? Non, vous vous êtes montrée très transparente, vraie, authentique, j’ai fait la même chose mais on se rend compte qu’on est pas d’accord. On peut quand même continuer de s’aimer même si on n’est pas d’accord, et c’est ce que font les couples heureux.

Les couples heureux se mettent d’accord, ou vivent avec des désaccords et évitent de discuter des points sur lesquels ils savent qu’ils ne seront jamais d’accord.

D : C’est notamment le cas des problèmes insolubles. On aura beau communiquer de la meilleure façon possible, ils resteront insolubles.

YD : Par contre on peut utiliser la communication pour négocier des ententes à double gagnant, je pourrai y revenir un peu plus tard. Le deuxième problème relié à la communication, et je vais vous le dire de façon triviale, c’est que les couples brassent plus souvent de la merde que des fleurs dans leur vie de couple. Si à chaque fois qu’on communique, je vous critique, vous parle de vos défauts, de vos gaffes antérieures, de tout ce qui ne va pas chez vous, vous allez vous défendre et me critiquer en retour. Donc on brasse de la merde continuellement.

Jacques Salomé, un psychosociologue français, dit que le « tu » tue la communication. Et c’est pour ça qu’il dit qu’il faut parler en terme de « je ». Or, l’observation des couples heureux nous démontre qu’ils ne parlent pas en terme de « je », ils se disent « tu ».

Mais ce n’est pas le « tu » qui tue la communication, c’est ce qui vient après le « tu ».

Si on dit à quelqu’un « tu es si belle, si intelligente, si débrouillarde », on brasse des fleurs. Par contre si on dit « tu es bête, tu comprends rien, tu es frigide, tu n’es jamais là », on brasse de la merde. Si on critique quelqu’un, la réaction humaine normale est de se défendre face à une critique en justifiant son comportement. Et là les couples malheureux invitent les 4 cavaliers de l’apocalypse dans leur vie de couple : la critique, la défensive, le mépris et la dérobade. Dans 80% des cas, ce sont les hommes qui pensent que l’on peut acheter la paix par le silence avec une femme, ce qui est totalement faux.

Et le troisième problème relié à la communication qui n’est pas un problème de communication, c’est quand un homme dit à une femme « chérie je t’aime », qu’est-ce qu’entend la femme ? Ce que l’homme est vraiment en train de dire, c’est à dire « je te désire » ? Ou est-ce qu’elle entend « tu as de l’affection pour moi, tu as de la reconnaissance pour moi » ? La signification des mots n’est pas tout à fait la même dans la tête d’une femme et dans la tête d’un homme, ou de deux personnes. Par exemple, les français vont traiter les gens de chiants et les canadiens vont les traiter d’harcelants ou de tanants.

D : Tout à l’heure, vous parliez des compromis. Vous dites qu’il ne faut pas faire de compromis dans son couple car cela engage la notion de sacrifices, c’est bien cela ?

YD : Un compromis, c’est mettre de l’eau dans son vin. C’est comme si vous rameniez une bonne bouteille de vin à 25 ou 30 € à la maison et que vous mettiez de l’eau dedans. C’est horrible ! On ne peut pas ne pas faire du tout de compromis dans un couple mais il faut en faire le moins possible. Et on s’est rendu compte que les membres des couples heureux étaient très exigeants par rapport à leur couple et n’acceptaient pas les demi-mesures : « je suis prêt à m’investir à 100% dans notre vie de couple mais j’exige de toi que tu t’investisses aussi à 100%, selon ta façon à toi de t’investir ».

Une des sources de conflits c’est que les femmes attendent que les hommes s’investissent d’une certaine façon mais les hommes s’investissent d’une autre façon. C’est pour cela qu’on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde et que cela crée des conflits.

D : Beaucoup de gens pensent que si on est malheureux en couple, c’est qu’on a choisi le mauvais partenaire. Y a-t-il des bons et des mauvais partenaires et est-ce que le fait de trouver le bon partenaire nous assurera d’être heureux dans notre vie de couple ?

YD : Il ne faut pas se dire « le prochain sera le bon ». La bonne question à se poser c’est « pourquoi le précédent n’a pas été le bon ? ». Qu’est-ce qu’on fait pour se retrouver avec un partenaire non compatible ? Pas une âme sœur car le concept d’âme sœur n’existe que dans nos têtes. C’est la version moderne de princesse et prince charmant, qui n’existent pas dans la réalité. Il faut trouver un partenaire qui nous est approprié, compatible. Avec sensiblement la même libido sans être exactement sur la même longueur d’onde, les mêmes attitudes éducatives par rapport aux enfants, la même attitude par rapport à l’argent, etc.

Plus on est approprié, compatible, moins les conflits insolubles vont se polariser et vont donner des affrontements.

D’un autre côté il y a des personnes qui sont perverses, manipulatrices, psychopathes ou sociopathes. Il faut être assez vigilant, prendre le temps de faire passer une période d’essai à un partenaire potentiel pour savoir à qui on a affaire. Dans le temps, on appelait cela une période de fréquentation. Je prends le temps de connaître qui est la personne qui est en face de moi.

Parce qu’au départ, on n’est pas amoureux de la personne qu’on a en face de soi mais on aime les sensations, les émotions, les rêves que l’on entretient quand on est avec elle. Ce n’est qu’après que ça se complique et c’est la première crise dans l’évolution d’un couple. Quand je découvre la sorcière qui s’était présentée sous la forme d’une princesse charmante et que le prince charmant n’est qu’un crapaud déguisé. Quand on découvre la réalité de la personne en face de nous, c’est souvent à ce moment là qu’on déchante.

D : Donc pour pouvoir se décider sur le fait de s’engager ou non dans une relation sur le long terme, il faut passer cette période de lune de miel, de passion. Ainsi on peut voir l’autre tel qu’il est vraiment et voir si cela correspond à qui on est.

YD : Ce n’est pas l’amour qui est aveugle et qui ne dure que trois ans, c’est la passion. Ensuite, on découvre tranquillement qui est la véritable personne qui est en face de nous. On n’a pas de pouvoir rationnel sur la passion. Pourquoi est-ce que telle femme m’attire plus que celle d’à côté qui est pourtant plus belle ? Il y a des choses qui se passent au niveau biochimique qui font que cette personne m’attire et l’autre pas.

La passion nous aveugle et ne peut donc pas durer. Alors que l’amour, c’est une décision.

A un moment, je découvre qui est la vraie personne en face de moi, qui n’est pas juste une princesse ou un prince mais qui est aussi une sorcière ou un crapaud. C’est à partir du moment où j’accepte les règles du jeu de l’autre, que j’accepte que l’autre voit la sexualité ou l’argent d’une certaine façon, que j’accepte de me laisser influencer par lui, c’est quand je découvre qui est la véritable personne en face de moi que je peux la trouver admirable, digne de respect et de confiance. Je peux alors décider rationnellement de m’investir dans une vie de couple à plus ou moins long terme.

D : De nombreux couples voient une forme de routine s’installer petit à petit et celle-ci n’est pas toujours agréable. La routine est-elle positive et comment modifier une routine qui n’est pas bonne ?

YD : Beaucoup de gens associent la routine à la rouille du couple. Un des défis du couple, c’est la durée. Comment entretenir un minimum d’excitation, de passion et de désir dans le temps. Aujourd’hui, comme on vit de plus en plus vieux ce n’est pas toujours évident. On ne peut pas éviter la routine. Tous les matins, on doit se lever, s’habiller, déjeuner, amener ses enfants à l’école si on en a, aller travailler et le soir, on fait l’inverse.

On ne peut éviter la routine de la vie de couple mais on peut faire en sorte d’avoir des routines les plus agréables possibles.

Faire en sorte que le déjeuner, seul, en couple ou en famille soit le plus agréable possible, que nos retours à la maison soient les plus agréables possibles, faire en sorte que notre travail soit épanouissant. Quand des routines deviennent ennuyantes, on peut essayer d’en trouver des nouvelles. On observe depuis une vingtaine d’années les couples heureux et on constate qu’ils ont une culture conjugale, des rituels, des routines qu’ils changent régulièrement. Quand par exemple les enfants grandissent et partent de la maison, quand ils se retrouvent à la retraite, etc. On renouvelle notre vie, on révolutionne notre vie.

D : En fait, il faut faire preuve de créativité et s’adapter aux différentes étapes et crises que l’on rencontre dans la vie.

YD : Exact et c’est pour cela que je dis que la vie de couple est une des plus belles aventures humaines parce qu’elle nous oblige continuellement à être en mouvement. Et si on se donne des objectifs à court, moyen et long terme, à ce moment là, on peut augmenter nos probabilités de réaliser nos objectifs. Mais si on ne fait qu’éteindre des feux quotidiens, alors on risque de tourner en rond et de brasser plus de merde que de fleurs.

D : Alors maintenant j’ai quelques questions de lecteurs. Comment savoir qu’on est avec le bon partenaire, avec une personne compatible et peut-on évaluer le taux de compatibilité entre deux personnes ?

YD : Que diriez-vous d’un employeur qui dès la première journée d’engagement d’un employé lui donne tous les bénéfices de la convention syndicale ? Normalement, un employeur digne de ce nom fait passer une période d’essai de 3 à 6 mois minimum -dans certaines professions cela peut même aller jusqu’à deux ans – avant de donner tous les bénéfices à l’employé. Pendant cette période d’essai, l’employeur vérifie si l’employé est vraiment compétent, s’il est prêt à s’engager pour le bénéfice de l’entreprise. Dans une relation, c’est cette période de fréquentation qui nous amène à savoir si on est tombé sur un bon ou un mauvais numéro.

Il y a un autre indice que je constate souvent chez les couples que je reçois. Dans les couples qui viennent en thérapie après 15 ou 20 ans de relation, beaucoup me disent qu’ils n’ont pas écouté leur petite voix intérieure qui leur disait que cet homme ou cette femme n’était pas quelqu’un qui leur convenait, quelqu’un qui allait s’investir vraiment avec eux. A ce moment là, la passion vient souvent nous aveugler et fait taire cette petite voix. Il faut vraiment écouter cette voix intérieure. Dans notre cerveau, il y a des neurones miroirs qui nous permettent de pressentir qui est la personne en face de nous. La période de passion est souvent tellement intense qu’on n’écoute pas cette petite voix là.

Une bonne façon de savoir si on est tombé sur un bon partenaire, c’est de se donner du temps pour le connaître, de l’expérimenter dans différentes situations et d’écouter sa petite voix intérieure.

D : Certains couples se disputent très souvent, d’autres jamais. Se disputer est-il un mauvais signe pour une vie de couple épanouie ? Est-il bon de ne jamais se disputer pour être un couple heureux ?

YD : C’est la façon dont on se dispute qui est le critère pronostic de l’évolution d’un couple. Comme il existe beaucoup de sources de conflits insolubles, c’est la façon dont on va passer au travers de ces conflits et négocier des ententes à double gagnant – et parfois chacun s’affirme assez intensément – qui va faire qu’on va être heureux dans sa vie de couple à plus ou moins long terme.

Les couples heureux vont se disputer, se confronter, sans jamais s’affronter.

Autrement dit, les couples heureux qui se disputent ne dépassent jamais un certain niveau dans l’escalade. Ils vont désamorcer les conflits, développer des stratégies qui vont faire qu’on ne va pas aller jusqu’à l’insulte verbale et encore moins la violence physique ou sexuelle. Les couples malheureux vont facilement arriver à se dire des paroles qu’ils vont regretter par la suite et même faire preuve de violence psychologique et physique.

A l’inverse, j’ai reçu des couples dans mon bureau qui me disaient ne jamais s’être disputés mais ils étaient devenus comme des colocataires, des frères et sœurs. Cela faisait aussi longtemps qu’ils ne s’étaient pas disputés qu’ils n’avaient pas fait l’amour. Donc ce n’est pas parce qu’un couple ne se dispute jamais que c’est un signe de bonheur ou parce qu’un couple se dispute que c’est un signe de malheur. C’est la façon dont on va gérer l’élément conflictuel et la façon dont on va négocier des ententes à double gagnant qui va être le critère pronostic de l’évolution d’un couple et d’une vie de couple épanouie.

D : Là c’est une question qui concerne davantage les femmes. Quelle attitude doit-on adopter quand notre partenaire refuse de communiquer et s’enferme dans un silence plus ou moins prolongé ?

YD : Vous en profitez pour vous occuper de vous de la façon la plus joyeuse possible. Il s’est enfermé dans sa caverne et les hommes ont besoin de s’enfermer régulièrement dans leur caverne pour faire baisser leur pression intérieure. Entrer dans leur caverne est donc la dernière chose à faire. S’il s’enferme dans le silence, laissez-le aller et arrêtez d’imaginer qu’il vous rejette. Très souvent les hommes vont se retirer de la communication parce qu’ils ne veulent pas continuer longuement l’escalade. Pour les hommes, fuir est une stratégie de désamorçage.

Mais le silence est la pire des violences psychologiques qu’un homme puisse faire à une femme, malgré son amour et sa bonne foi. Il ne fait pas cela pour vous rejeter. Il fait cela pour éviter d’escalader et d’arriver à une situation que les deux partenaires pourraient regretter par la suite. Sauf que quand monsieur s’enferme, madame imagine qu’il la rejette, ne l’aime plus, que le couple va disparaître. Il faut que les femmes arrêtent de croire cela et comprennent que les hommes ont besoin de se retirer pour se calmer.

Je n’ai pas le temps de vous parler de tout ce qu’il se passe dans le cerveau d’un homme qui est sous stress mais la meilleure stratégie à adopter à ce moment là c’est d’en profiter pour vous occuper de vous, lire, écouter de la musique, s’occuper des enfants, sortir avec des copines. Profitez-en pour prendre soin de vous et vous allez vous rendre compte qu’il va rentrer de moins en moins longtemps dans sa caverne et de moins en moins fréquemment.

Et si quand il sort de sa caverne, vous l’accueillez à bras ouverts en disant « chéri j’avais hâte que tu reviennes me retrouver» vous faites ce que l’on appelle en psychologie du conditionnement positif. Au lieu de le critiquer parce qu’il s’est enfermé, au lieu de dire « tu parles pas, tu communiques jamais, tu te sauves tout le temps », vous acceptez qu’il s’en aille et en profitez pour vous occuper de vous et vous profiterez de lui quand il reviendra.

D : Et à priori, il reviendra plus facilement la fois d’après.

YD : Probablement plus rapidement, sinon vous avez une décision difficile à prendre: vous soumettre et accepter de payer ce prix là dans votre vie de couple au quotidien ou déménager.

D : Et si son ego est blessé et qu’il est difficile voire impossible pour lui de revenir vers nous ?

YD : L’ego des hommes est particulièrement sensible. Les hommes ont beaucoup de difficultés à s’excuser et à demander pardon, beaucoup plus que les femmes. A ce moment là, il faut accepter que son ego soit fragile.

D : Et du coup, prendre la responsabilité de revenir et de s’excuser pour le couple.

YD : Oui c’est cela, si vous le recevez à bras ouverts lorsqu’il sort de sa caverne, il risque d’y être moins longtemps et moins fréquemment et de revenir plus rapidement. Si vous n’exigez pas qu’il s’excuse mais que vous lui donnez ce que j’appelle un biscuit (en l’accueillant à bras ouverts)… La psychologie nous l’a démontré, la meilleure façon de faire disparaître un comportement, ce n’est pas par la critique, c’est par l’indifférence.

Si vous ne réagissez pas à un comportement que vous n’aimez pas, vous augmentez de beaucoup la probabilité que ce comportement disparaisse.

Alors s’il s’enferme, vous l’ignorez, vous vous occupez de vous, vous appelez des copines, vous mettez de la musique, etc.

D : Est-il possible de faire changer son partenaire, de l’amener à faire davantage ce qu’on aimerait qu’il fasse ?

YD : Plus vous allez essayer de changer l’autre, plus l’autre va embarquer dans une résistance. Je dis souvent aux femmes « madame, avant de vous engager dans un couple, vous devriez suivre un cours de dressage de chiens ». Dans un cours de dressage canin, on apprend que le biscuit fonctionne beaucoup mieux que le bâton. Vous mettez donc le bâton dans votre dos, vous le gardez pas loin et vous donnez beaucoup plus de biscuits.

Par exemple, la meilleure façon pour amener un chien à ne plus monter sur le fauteuil, c’est de lui mettre un biscuit au sol au moment où il monte sur le fauteuil. Le chien va alors voir le biscuit et descendre pour le manger. Et après un certain temps, il ne montra plus sur le fauteuil mais va aller directement aux pieds. Vous ignorez son comportement qui fait qu’il est sur le fauteuil plutôt que de lui dire « descends » qui devient un jeu pour le chien.

Comme les hommes sont généralement plus intelligents que les chiens, si vous leur donnez des biscuits plutôt que des coups de bâton, vous risquez non pas de provoquer de la résistance mais de provoquer les changements que vous désirez. Vous ignorez ce que vous n’aimez pas chez votre partenaire et vous renforcez (renforcement positif) tout ce que vous aimez en lui donnant des biscuits.

D : Donc ce n’est pas une approche frontale mais plus subtile, plus diplomatique.

YD : C’est une approche plus positive, c’est d’ailleurs ce que j’enseigne dans mes formations. C’est une formation à la thérapie conjugale positive. On ne construit pas sur du négatif, on ne construit pas sur des critiques. On construit sur du positif. Et c’est la raison pour laquelle pendant la lune de miel, on est très positif, on fait beaucoup de dépôts dans notre banque d’amour sauf qu’on finit par croire qu’on peut vivre sur notre capital amoureux accumulé. Sauf que la vie de couple au quotidien, les problèmes insolubles et les moments conflictuels nous font faire plus de retraits de notre banque d’amour que de dépôts. Il faut donc faire des efforts pour arrêter de faire des retraits et faire des efforts pour continuer de faire des dépôts.

D : Du coup, il faut faire plus de dépôts avec des compliments que de retraits avec des critiques et des reproches.

YD : Il faut que vos revenus soient plus élevés que vos dépenses si vous ne voulez pas faire faillite et avoir une vie de couple agréable. C’est simple.

D : Quand notre vie de couple n’est pas épanouissante, comment savoir si cela vaut le coup de se battre pour sauver son couple et peut-être aller consulter, ou s’il faut abandonner tout espoir et se séparer ?

YD : Tout couple vaut la peine et peut être sauvé ou amélioré mais pas à n‘importe quelles conditions. Il y a effectivement des relations toxiques auxquelles il faut mettre fin. J’en parle dans mes livres Qui sont ces couples heureux, Qui sont ces hommes heureux et Qui sont ces femmes heureuses où j’énonce les relations toxiques. Par exemple, les relations où il y a des violences physiques perpétuelles, abus sexuels des enfants, manipulations perverses, jalousie maladive, etc. Toutes ces relations ne peuvent mener qu’à l’enfer.

Donc il y a des relations avec des partenaires qu’il vaut mieux quitter que d’essayer de sauver. Par exemple, la jalousie maladive, pathologique n’est pas un problème relationnel mais personnel. La personne qui est jalouse doit aller en thérapie personnelle. Il y a une différence entre une jalousie réactionnelle ou un moment difficile, et une relation qui est devenue toxique. Quand la relation est dans un moment difficile, oui la thérapie peut être très positive. Et d’après nos recherches, on sait qu’on va aider 70% des couples qui viennent en thérapie. Mais parfois, la solution pour certains couples est de mettre fin à leur relation et à leur vie de couple.

D : Et dans votre cabinet, y a-t-il des couples qui se rendent compte au fur et à mesure des consultations qu’ils doivent se séparer à un moment donné ?

YD : Il y a des couples que je réfère en médiation. En fonction de la façon dont ils fonctionnent actuellement, je ne peux rien faire pour eux. Quand l’un dit blanc, l’autre dit noir. Et l’escalade se produit régulièrement dans mon bureau. Je ne peux pas faire les efforts qu’eux ne veulent pas faire. Je les réfère donc en médiation et cela produit parfois une onde de choc pour certains couples qui réalisent qu’ils sont au bord du précipice et que leur vie de couple est en danger.

Il faut arrêter de faire ce qui ne fonctionne pas et continuer de faire ce qui fait que ce couple est malgré tout toujours ensemble. Si malgré les conflits et les disputes, ils sont toujours ensemble, c’est qu’il y a un lien. C’est pour cela que je dis que l’amour n’est pas forcément la cause du divorce. Souvent les gens qui divorcent s’aiment encore mais ils sont tellement frustrés dans leur besoin d’aimer et d’être aimés qu’ils accusent l’autre d’être le responsable et c’est l’escalade. D’après vous, quel est le contraire de l’amour ?

D : L’indifférence.

YD : Exact, la majorité des gens pense que c’est la colère. Tant que je suis en colère, c’est que j’ai un besoin d’être aimé et un besoin d’aimer qui est frustré. J’accuse l’autre plutôt que de regarder chez moi ce qui fait que mon besoin d’aimer n’est pas satisfait. Et en général, ce n’est ni l’amour ni la bonne foi qui sont en cause, ce sont les stratégies utilisées pour essayer de satisfaire mes besoins légitimes. L’une des stratégies présente chez les personnes malheureuses dans leur vie de couple et qui ne fonctionne pas, c’est de répéter 20 fois la même chose à l’autre «  ça fait 20 fois que je te le dis mais tu n’y penses jamais ». Pensez-vous qu’à la 25ème fois il va y avoir un meilleur résultat ? C’est une stratégie qui ne fonctionne pas. Donc il faut trouver d’autres stratégies.

Une thérapie conjugale comporte 3 choses simples : continuer de faire ce qui fait que vous êtes toujours ensemble, arrêter de faire ce qui fait que vous êtes devant moi aujourd’hui, et trouvons de nouvelles stratégies pour remplacer ce qui ne fonctionne pas par quelque chose qui fonctionne.

Devant une situation conflictuelle, il n’y a pas qu’une solution mais des dizaines. Il faut voir les problèmes des couples comme étant tout à fait normaux et des occasions privilégiées de croissance personnelle et conjugale. Cela fait partie de la vie de couple !

D : Certaines personnes ont l’impression d’aimer plus qu’elles ne sont aimées ou de vouloir s’engager plus vite que leur partenaire. Comment gérer cette différence de rythme ?

YD : Là on entre dans l’une des dynamiques inconscientes de la majorité des couples, qui est ce qu’on appelle le paradoxe de la passion. Tout individu a un besoin de fusion, besoin d’aimer et en même temps un besoin de défendre son territoire, son autonomie. Tant que les besoins de fusion et d’autonomie sont identiques entre les deux partenaires, tout va bien. Dans la lune de miel, les deux sont dépendants et ont besoin de fusion. On peut passer 25 à 30h par semaine en présence de l’autre, à parler avec lui, à faire l’amour avec lui, et on passe 80% de notre temps libre à penser à l’autre.

Sauf qu’à un moment donné le besoin de fusion de l’un des deux va être satisfait et il va vouloir satisfaire son besoin d’autonomie et va donc s’éloigner. Sauf que « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ». Et on entre alors dans un déséquilibre relationnel qui amène une des deux personnes à être dépendante, à vouloir plus de « nous ». On peut être porté à croire que cette personne aime plus que l’autre mais c’est faux! L’autre aime autant mais il a moins besoin de contacts physiques, de paroles d’amour car il a d’autres intérêts dans sa vie. La vie de couple n’est pas toute sa vie mais seulement une partie de sa vie.

Il doit aussi satisfaire ses besoins professionnels, ses besoins amicaux, ses activités personnelles, etc. Si l’un des deux est moins en demande de « nous », il se crée une relation de plus en plus déséquilibrée. On se retrouve alors avec une personne dépendante, toujours en attente par rapport à son partenaire, et ce dernier qui a le sentiment d’étouffer et ressent beaucoup de pression car il a l’impression que le bonheur de l’autre personne dépend de lui.

Chez les couples heureux, les besoins d’autonomie et de fusion alternent entre les deux partenaires.

Ce n’est pas toujours le même qui veut plus de « nous » ou protéger son autonomie, son territoire. A ce moment-là, il y a un équilibre instable qui se crée entre les deux partenaires et qui leur permet d’avoir une vie de couple épanouie.

D : Donc c’est plus une question de dépendance affective que d’amour en réalité. L’un est plus dépendant que l’autre.

YD : C’est ça. L’un accorde plus d’importance au regard de l’autre sur lui, a plus besoin d’être aimé que d’aimer. Mais cela prendrait des heures pour tout expliquer. D’ailleurs, quand j’explique le paradoxe de la passion dans mes formations, je prends une journée complète pour expliquer les caractéristiques de la personne qui est dépendante et celle qui est contre-dépendante. J’explique aussi quelles sont les stratégies que la personne dépendante et la personne contre-dépendante peuvent utiliser pour rétablir l’équilibre dans leur vie de couple et préserver leur couple.

Ce paradoxe existe aussi chez les couples heureux, aucun couple n’est à l’abri. Dans la lune de miel, il n’y a pas de problème car les deux sont dépendants jusqu’au jour où on considère l’autre comme acquis, conquis, et on se présente sous son vrai jour. C’est là que le crapaud et la sorcière ressortent.

D : En fait les couples heureux et malheureux vivent les mêmes crises et problèmes dans leur vie de couple mais ils ne les gèrent pas de la même façon.

YD : Ils les gèrent différemment.

Les couples heureux gèrent les moments critiques sans hypothéquer leur amour, leur respect, leur admiration réciproque alors que les couples malheureux en arrivent à envoyer de la merde sur l’autre.

D : Comment faire pour faire coïncider ses projets personnels avec sa vie de couple, comment prendre soin de son couple tout en continuant à prendre soin de soi ?

YD : Le couple est un projet pour réaliser des projets. Et un des projets c’est de permettre à chacun de pouvoir réaliser ses projets personnels. Evidemment, dans notre jardin secret, nos projets personnels, il ne faut pas qu’il y ait des choses qui aillent à l’encontre des projets conjugaux et de la vie de couple. Par exemple, moi j’aime beaucoup plus voyager que ma partenaire qui est beaucoup plus orientée famille. Moi je partirais facilement des semaines et des mois à la conquête du monde. Ma partenaire souhaite garder des liens étroits avec sa famille. Comment on gère cela ? En faisant une entente à double gagnant.

C’est à dire que je pars moins longtemps, moins souvent, et pendant que je suis parti, elle voit sa famille et ses amis et passe du temps avec eux. Comme ça les deux sont gagnants. Moi je satisfais mon besoin personnel de voyager et elle, son besoin personnel d’être en famille, et on forme un couple heureux car on négocie des ententes à double gagnant. Et parfois, elle vient avec moi en voyage et d’autres fois, j’accepte de recevoir sa famille. C’est dans les deux sens. Si je recevais sa famille tous les weekend, je pense que ça finirait par me peser. Et si je l’obligeais à voyager autant que moi, elle arriverait à un point de saturation et ça ne lui conviendrait pas. Mais elle aime aussi voyager, j’aime aussi ma belle-famille mais pas avec la même intensité.

D : On dit que « les contraires s’attirent » mais aussi « qui se ressemble s’assemble ». Qu’est-ce qui est vrai ?

YD : Les deux sont vrais mais pas sur le même plan. Nos gènes ont une façon de se reconnaitre entre eux, de s’attirer. Certains biologistes disent que c’est par les phérormones, d’autres disent que les gènes sont capables de communiquer entre eux de façon quantique. Il n’y a pas de réponse assurée de ce côté là mais on sait que pour les animaux, c’est l’odorat qui est leur premier organe sexuel. Chez les humains, on pense que quelque chose se passe au niveau des phérormones.

Pourquoi est-ce que cet homme vous attire et pas un autre ? C’est probablement parce que son code génétique est différent du votre. On sait que si les deux codes génétiques des parents sont trop identiques, on accentue les tares héréditaires. C’est ce qu’on constate chez les chiens de race par exemple. Donc pour avoir un meilleur produit de reproduction, on prend deux codes génétiques différents pour avoir un individu qui est résistant. Ce sont les niveaux biochimiques et génétiques.

Au niveau psycho-émotif, psychologique, au niveau des tempéraments, il faut être le plus semblable possible sans être un clone de soi-même pour pouvoir faire en sorte que les conflits insolubles soient moins polarisés dans la vie de couple. Si l’un veut faire l’amour tous les jours et que l’autre veut une fois toutes les deux semaines, la sexualité va être un conflit insoluble et probablement la raison d’une séparation. Si l’un est à deux fois par semaine et que l’autre est à trois, un terrain d’entente peut facilement être trouvé.

Donc c’est vrai que les contraires s’attirent, c’est ce qui est contraire à moi et qui me complète qui m’attire de façon inconsciente. Mais – et c’est pour ça que je dis que l’amour est une décision – c’est à partir du moment où on connait les habitudes éducatives de l’autre, le nombre d’enfants qu’il veut avoir, sa sexualité, sa façon de gérer l’argent, etc., qu’on se rend compte qu’on est à peu près semblable et qu’on peut vivre une vie de couple épanouie. En psychologie on parle de 70% de compatibilité.

Les couples qui sont semblables à 70% augmentent leur probabilité d’être plus heureux à long terme dans leur vie de couple.

D : Finalement, au départ on peut être attiré par quelqu’un qui est très différent de nous, parce que ça a quelque chose d’excitant, mais pour pouvoir avoir une vie de couple épanouissante à long terme, il faut se ressembler un minimum, être compatible au moins à 70%.

YD : Sans être un clone de l’autre.

D : De toute façon une compatibilité à 100% ce n’est pas possible ?

YD : Non, ce serait quoi l’intérêt de vivre avec moi-même ? Je risquerais de finir par m’ennuyer. Les conflits sont source de créativité, ils stimulent notre capacité de créer, de s’adapter, notre capacité d’évoluer. Et la vie est une longue suite de conflits qui nous permettent de mieux nous connaître, mieux connaître l’autre, mieux profiter de la vie.

D : Merci d’avoir répondu à toutes ces questions Yvon Dallaire. Si certaines personnes veulent suivre une de vos formations, comment doivent-elles s’y prendre ?

YD : Toutes les personnes ayant déjà une formation dans le domaine de la relation d’aide, pas forcément universitaire, comme les psychologues, les travailleurs sociaux, les médecins, les infirmières, mais aussi les psychothérapeutes, les coaches peuvent suivre ma formation. Il faut avoir des bases solides, des connaissances dans la relation d’aide. Ma formation ne s’adresse pas à des débutants, c’est du perfectionnement. Il faut déjà avoir une bonne formation, un bon apprentissage, une bonne technique pratique de la relation d’aide pour pouvoir prendre ma formation. Et à ce moment là, vous allez sur mes sites www.yvondallaire.com ou www.fpsp.eu .

D : Et on peut suivre ces formations en France ou c’est seulement au Canada ?

YD : Il y a des formations à Bruxelles, Paris, Lyon, Lausanne, Montréal au Québec et partout où il y a au moins 12 personnes, 12 intervenants qui se réunissent et qui m’invitent. Il y a aussi des conférences et des ateliers grand public. Tout est sur mon site www.yvondallaire.com.

D : Et vous avez d’autres ouvrages en préparation ?

YD : Oui dans ma tête. Mais ce qui résume bien toute mon œuvre depuis 40 ans que je fais de la thérapie conjugale, c’est ma trilogie du bonheur conjugal : Qui sont ces couples heureux, Qui sont ces hommes heureux, et Qui sont ces femmes heureuses. Ces ouvrages sont très populaires dans la francophonie et j’en suis très fier.

D : Merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.

YD : Merci à vous, au plaisir de vous rencontrer in vivo un de ces jours.

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