Les soucis ont commencé le 9 janvier. Au diable la crise des 1 an, 3 ans, 7 ans. Non, pour eux la crise survint au bout de 9 mois. Seulement deux mois après avoir emménagé ensemble.Thomas et Judith ne comprirent pas tout de suite ce qui leur arriva. Sans savoir pourquoi, Judith commença par être plus agacée que d’habitude par les chaussettes sales que Thomas laissait trainer dans la chambre. Elle lui avait pourtant dit maintes fois de faire attention et de les mettre dans le panier à linge sale. Mais Thomas n’en faisait rien. Elle avait l’impression qu’il la prenait pour sa boniche. De son côté, Thomas en avait assez des remarques incessantes de Judith sur son manque de participation aux tâches ménagères. Il avait beau faire des efforts mais ce n’était jamais suffisant. Et quand il voyait le bordel dans lequel se trouvait la salle de bains avec tous les produits de beauté de Judith, il ne pouvait s’empêcher d’être en colère contre elle de lui faire tout un fromage pour de simples chaussettes sales qu’il oubliait de ranger. Il la trouvait hypocrite.
Les disputes étaient de plus en plus fréquentes. Se sentant attaqué, Thomas commença à ne plus rien laisser passer. Il pointait du doigt chaque « manquement » ou « faute » de Judith. Son sujet favori était l’argent. Il trouvait qu’elle dépensait trop pour des choses inutiles et ne se privait pas de le lui faire remarquer. Elle se défendait comme elle pouvait pour justifier l’utilité de ses achats mais Thomas faisait toujours en sorte d’avoir le dernier mot. Du coup, elle en rajoutait une couche sur les tâches du quotidien qu’il ne faisait pas. La lutte pour le pouvoir était bel et bien lancée, chacun cherchant à faire capituler l’autre. Adieu période fusionnelle où Judith regardait Thomas avec admiration, où elle ne le critiquait jamais et trouvait tous ses projets fantastiques, où Thomas, quant à lui, était si communicatif et attentif à ses désirs, si soucieux de faire des efforts pour la séduire et où il la complimentait sans cesse. Qu’était-il advenu de cette période ? Tout cela paraissait si proche et en même temps si loin. Comment les choses avaient-elles pu évoluer si vite ? Comment peut-on passer d’un amour qui nous parait plus fort que tout à… cela ?
Thomas et Judith accusaient le coup. Pour retrouver un semblant d’harmonie, Judith essayait bien parfois de ne rien dire sur les choses qui lui déplaisaient mais face aux attaques répétées de Thomas, elle craquait. Elle lui faisait payer le mensonge. Le mensonge de lui avoir fait croire qu’il était celui qu’elle avait fantasmé, idéalisé depuis son adolescence. Après de nombreuses déceptions amoureuses, il lui avait redonné espoir pendant cette phase fusionnelle des débuts et il avait tout balayé d’un revers de main. Elle se sentait trahie. Thomas qui ne s’était jamais senti aussi valorisé et aimé dans une relation, se sentait également trahi. Elle qui l’avait tant encouragé, admiré au début de leur relation, était devenue si exigeante et directive. Il ne reconnaissait plus la Judith des débuts qui était si positive, valorisante et séductrice. Ils ne faisaient d’ailleurs plus l’amour comme avant. Les préliminaires des débuts avaient quasiment disparu et leurs rapports sexuels étaient beaucoup moins fréquents. Chacun d’eux était comme sonné par cette situation. La désillusion était grande, à la hauteur de la passion des débuts.
Chacun avait fait croire à l’autre, volontairement ou non, qu’il pouvait combler ses manques et répondre à ses attentes. Mais la réalité les avait rattrapés : ils étaient bel et bien deux êtres humains différents qui ne concevaient pas l’argent, le ménage, la sexualité ou encore l’implication dans la vie de couple de la même manière. Dans le but de séduire l’autre, chacun d’eux s’était montré sous un jour favorable au début de la relation de couple. Mais l’être humain ne peut pas être continuellement dans l’effort. Thomas et Judith avaient fait les efforts nécessaires jusqu’à ce que l’autre paraisse totalement convaincu qu’il ou elle était digne d’amour. Et comme beaucoup de couples qui décident d’emménager ensemble ou de se marier, ils s’étaient relâchés quand ils avaient senti que l’autre était complètement « acquis à leur cause ». Et c’est à ce moment là que la crise était survenue. Et bien malgré eux, ils s’étaient éloignés l’un de l’autre. La fusion avait disparu. Chacun s’était recentré davantage sur lui afin de faire le point sur ses envies, ses attentes et ses objectifs de vie…
J’ai écrit récemment un article sur les débuts de la relation de couple et j’ai souhaité illustrer ici le déroulement de la deuxième phase de la vie de couple. Cette phase, c’est la lutte pour le pouvoir. Elle marque la fin de la « lune de miel » et constitue la première crise vécue par le couple. Elle est souvent vécue comme une désillusion et entraine un éloignement des membres du couples. Certaines personnes ne dépassent jamais cette phase. Elles vont y rester indéfiniment, incapable d’évoluer vers quelque chose de plus satisfaisant. A ce stade, d’autres personnes vont rompre et chercher à revivre indéfiniment la lune de miel avec d’autres partenaires.
Pourtant cette crise est inévitable. La vivre ne signifie pas forcément que vous vous êtes trompé dans le choix de votre partenaire. Elle est au contraire un moment privilégié pour votre croissance individuelle. Cette phase permet de se remettre en question, grandir et permettre à votre couple d’évoluer en même temps que vous.
J’écrirai la suite de l’histoire de Judith et Thomas très prochainement.
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